Par TwogFr 21/11/2013

Twitter ? Pas pour les profs.

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Pourquoi les profs ne devraient pas s’inscrire sur Twitter

 

Cher collègue. Ca y est, comme tout bon prof qui se respecte, vous vous êtes inscrit un peu au pif à une semaine de stage, histoire de louper quelques cours ; bien joué. Manque de bol, c’était un stage sur les TICE et on vous a abreuvé de Web 2.0.

Magnactophone

Oui, vous qui fonctionnez encore avec un rétroprojecteur et ce truc étrange (oui, là, ci-dessus) dont personne ne connaît le nom, vous avez envie d’éblouir vos collègues. Les blagues à base de “fesses de bouc” ne suffisent plus, et vous voulez crâner à base de RT, de Fav et de Followers.

Mauvaise idée.

Surfer sur Twitter, c’est comme faire des heures sup’

Vous êtes un prof, souvenez-vous. Ca fait de vous quelqu’un de pas très intéressant, dont les tweets se réduiront à la difficulté à se lever le matin (ouin ouin), aux dernières réformes des méchants ministres (boo boo), aux trop nombreuses copies à corriger (snaf snuf) et à ces méchants élèves qui ne vous écoutent pas, vous, la voix de la sagesse.


En gros, vous n’allez intéresser que :
– des profs qui vous intègreront à leur cercle de pleureuses
– des élèves (qui vont vous trouver trop cool parce qu’ils ne vous ont pas eu en cours)
– des parents d’élèves qui vous sauteront à la gorge dès que vous oserez tenter le second degré.

En somme, Twitter ne sera que la continuité de ce que vous faites toute la journée, et soyons honnêtes, si vous êtes prof, c’est surtout pour avoir des horaires à la cool, n’est-ce pas ? Vous êtes fonctionnaire, après l’heure, c’est plus l’heure. Ca sonne à 16h25, et vous passez le portail du collège à 16h26. Est-ce bien raisonnable de traîner sur Twitter, qui, vu votre public, ressemblera plus qu’autre chose à des heures supplémentaires non payées ?

Twitter, c’est un peu comme les chiottes du collège.

Avant Twitter, et toujours en moins de 140 caractères, il existait un autre moyen de communication au collège : les murs des toilettes.

Allez, viens, on est bien !

Contrairement au journal du collège, il y avait plus d’un numéro ; il était même actualisé tous les jours. Le lundi, on pouvait apprendre que “Monsieur Meisonier pue”, et, magie de l’écriture collaborative, quelqu’un allait rajouter le lendemain “de la gueule” ; avant même que Wikipédia n’existe, déjà la jeunesse était en quête de savoir et de précision.

Twitter, c’est un peu comme les chiottes du collège, l’odeur de pisse en moins. Vos élèves sont déjà là, et ils squattent parce qu’il y fait bon vivre : ils se croient à l’abri des profs et des pions et parlent de leurs profs sans pression.

Si vous êtes prof, c’est aussi parce que vous êtes narcissique et avez besoin que tous les yeux soient posés sur vous, comme le prouvent les nombreux “MAIS ECOUTEZ MOI A LA FIN” que vous hurlez, en grosse quête d’attention que vous êtes. Vous n’allez donc pas pouvoir vous empêcher d’ouvrir la boîte de Pandore et de taper votre nom sur Twitter.

(petite expérience pour vous lecteur, tapez Monsieur ou Madame puis un nom de famille au hasard, et vous aurez un tweet avec insulte envers un prof. Magique !)

Vous voulez vraiment prendre cher à ce point ?

Vous n’êtes pas Walter White

Vous n’êtes ni un génie du mal, ni un pro de l’informatique. Une fois sur deux, quand vous voulez diffuser une vidéo à la classe, vous êtes obligé de demander de l’aide à un élève. Vous ne savez pas paramétrer la confidentialité de vos photos sur Facebook, et après chaque vacances vos élèves se délèctent des clichés où vous apparaissez fièrement, chaussettes en tweed et sandales aux pieds.

Depuis que vous êtes sur Twitter, vous arrivez dans la salle des profs le sourire aux lèvres. Aucun de vos collègues ne sait que vous êtes le fameux Prof dont tout le monde parle sur Twitter (c’est ce que vous pensez, du haut de vos 800 followers). Vous avez l’impression d’être Walter White ou Dexter, cachant un terrible secret, et c’est terriblement excitant. “Je ne dois surtout pas dire le mot RT, ou bien ma couverture est grillée !” “Ils sont en train de parler des réseaux sociaux là, je dois faire comme si je n’y connaissais rien, ils n’y verront que du feu, ha ha ha, s’ils savaient !!”

Combien de jours avant qu’un élève ne grille votre couverture sur Twitter ? Vous croyiez vraiment que mettre votre nom à l’envers vous assurrerait l’anonymat ? C’était peut-être pas très malin de live tweeter les rencontres parents-profs ou les conseils de classe. Ou peut-être que la twitpic de cet élève que vous avez mis au coin et forcé à se tenir sur une chaise n’était pas l’idée du siècle :

Le collège, c’est vraiment plus ce que c’était.

En quelques minutes, tout le collège est au courant que vous aussi, vous vous êtes pris au jeu, et, croyant à l’impunité de l’internet, vous avez parlé de l’haleine de votre Principale, de cette parent d’élève à qui vous aimeriez bien donner des cours particuliers et du hashtag #jailbait que vous utilisez en parlant de vos élèves.

“Mé c’est du second degré !” vous défendrez-vous, tout penaud, en salle des profs.

Et vos abonnements aussi ? @annapolinaxxx, @katsuni, @boobstagram ou @dorcel
Si des élèves se faisaient prendre, ils se feraient virer sur le champ ; êtes vous prêt à prendre ce risque ?

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Acceptez-le. Vous êtes prof. Vous ne serez jamais dans le coup : le jour où vous vous intéresserez à One Direction, c’est quand ils passeront sur Nostalgie.
 
 
Par @MsieurLeProf, blogueur sur Rue89 et auteur du blog BD Partenaires Particulières.

 
 

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